À la question : « Où puiser l’espoir d’un monde plus humain ? », Haïm Cohen répond : « En ne laissant pas pleurer nos bébés. » Sa pratique et son observation des tout-petits l’ont conduit à élaborer une théorie fondée sur la signification de ces pleurs. Lorsqu’ils ne correspondent pas à un besoin physiologique (faim, froid ou chaud, inconfort), ils sont, aux yeux du pédiatre, un appel fondamental lancé à l’adulte. Un appel existentiel qui réclame la consolation et l’empathie. C’est pourquoi les pleurs des bébés sont universels. Ils sollicitent de la mère, du parent, de l’adulte, un apprentissage de l’altruisme. Cette utopie se fonde sur l’idée qu’en offrant au bébé une nourriture affective constante, en répondant à ses pleurs de solitude et d’angoisse, on favorisera la formation de sa conscience morale, et l’on contribuera à améliorer son futur rapport à autrui. Devenu adulte, cet enfant consolé, rassuré, sera capable à son tour de refuser la violence et de préférer à la cruauté le geste qui va vers l’autre. Cette théorie s’appuie sur de nouvelles découvertes en neurobiologie. Les gestes d’amour et de tendresse prodigués au bébé s’inscrivent en lui à un moment où son cerveau est en plein développement. Ils permettent à son sens éthique de s’éveiller, au faisceau neurologique de la conscience de l’autre de se construire.