« On dirait un animal rampant, un dragon minéral, un grand huit que l’Antiquité nous aurait légué. Au fil des siècles, les hommes en ont descellé les pierres, et les saisons l’ont enfoncé en terre. Au moins reste-t-il des traces de ce rempart coupant l’île de Grande-Bretagne à l’horizontale, en sa partie la plus étroite. Il sillonne la campagne, grimpe sur des hauteurs et n’a plus rien d’un brise-vue. Il émane de lui la mélancolique beauté des ruines et la modestie des vanitas. »
Au mois de juin 2023, Macha Séry a décidé de partir à la rencontre du mur d’Hadrien qui s’étire de la mer d’Irlande à la mer du Nord. Une idée fixe. Novice dans le domaine de la randonnée, elle voulait « faire » ce mur bien particulier, long de 117 km, qui a perdu sa hauteur initiale de 4,5 mètres, qu’on peut presque enjamber et qui unit désormais une importante et passionnée communauté de marcheurs.
Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, le mur d’Hadrien est devenu un pont entre les époques, entre la culture savante et la culture populaire. C’est, bien sûr, les Mémoires d’Hadrien, chef-d’œuvre de Marguerite Yourcenar, et les œuvres de Walter Scott et de Rudyard Kipling. Mais c’est aussi le modèle de la Muraille de Glace de Games of Throne et le décor du jeu vidéo Assassin’s Creed : Valhalla.
Découvrir le mur d’Hadrien au fil des pages, c’est s’intéresser aux marges de l’empire romain et au syncrétisme religieux que pratiquèrent des soldats venus de toutes les provinces. C’est réfléchir aux divisions historiques ayant opposé Anglais et Écossais. C’est prendre conscience des menaces que fait aujourd’hui peser le réchauffement climatique sur l’archéologie.
Dans ce récit agrémenté de rencontres hautes en couleurs, l’autrice convie les lecteurs à un périple botanique autant que politique, archéologique autant que littéraire sur les traces de quelques inévitables et envoûtants fantômes.