« Ces dernières années, il me semble que les Français ont développé une admiration – parfaitement insoupçonnée en Italie – pour les Italiens. À défaut de posséder un appartement à Venise, il est bon de fréquenter l’Italie au moins quelques semaines par an et peut-être, avec cette drôle d’emphase de chanteur d’opéra, glisser une expression italienne dans la discussion. Comment se fait-il que mes amis italiens soient convaincus d’être les victimes privilégiées de l’arrogance française ?
En partie, peut-être, parce que les Français aiment toujours son voisin transalpin comme le pays du soleil, des vacances, de la nourriture simple et délicieuse, des clichés qui agacent les Italiens. Mais il existe aussi chez eux un éternel – et totalement infondé – complexe d’infériorité, que les Français ne soupçonnent peut-être pas à leur tour. C’est nous, les Italiens, qui nous comportons parfois comme les cousins de campagne, mal à l’aise et donc rancuniers, et qui donnons l’impression de n’avoir jamais surmonté le complexe de l’ancien émigré qui, pour fuir la misère ou le fascisme, franchissait de nuit le col du Fréjus, aujourd’hui emprunté par tant de Soudanais, Érythréens et Somaliens.
Les pages qui suivent prétextent de cette rivalité un peu à sens unique pour faire le récit – tout à fait partiel et personnel – d’un Italien légèrement atypique, car francophile convaincu. Un Italien qui aime tellement la France qu’il s’y est enraciné, qui a deux enfants qui parlent mieux le français que l’italien (dommage), et qui a été pris par l’envie de raconter à ses amis français quelque chose sur lui et donc, avec une grande modestie, sur l’Italie. »
En partie, peut-être, parce que les Français aiment toujours son voisin transalpin comme le pays du soleil, des vacances, de la nourriture simple et délicieuse, des clichés qui agacent les Italiens. Mais il existe aussi chez eux un éternel – et totalement infondé – complexe d’infériorité, que les Français ne soupçonnent peut-être pas à leur tour. C’est nous, les Italiens, qui nous comportons parfois comme les cousins de campagne, mal à l’aise et donc rancuniers, et qui donnons l’impression de n’avoir jamais surmonté le complexe de l’ancien émigré qui, pour fuir la misère ou le fascisme, franchissait de nuit le col du Fréjus, aujourd’hui emprunté par tant de Soudanais, Érythréens et Somaliens.
Les pages qui suivent prétextent de cette rivalité un peu à sens unique pour faire le récit – tout à fait partiel et personnel – d’un Italien légèrement atypique, car francophile convaincu. Un Italien qui aime tellement la France qu’il s’y est enraciné, qui a deux enfants qui parlent mieux le français que l’italien (dommage), et qui a été pris par l’envie de raconter à ses amis français quelque chose sur lui et donc, avec une grande modestie, sur l’Italie. »
Stefano Montefiori