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Les audiences d?un procès servent de décor, de scène et de prétexte, aux curiosités, divagations et interrogations, confessions et confidences, d?un journaliste. Le procès, c?est celui des écoutes de l?Élysée, une affaire d?État qui met en cause des préfets et des généraux que protège l?ombre d?une haute figure présidentielle. Procès de raisons privées devenues raisons d?État, de l?abus de pouvoir et de l?ordre illégal. Un procès plus actuel que ne le laisserait penser l?ancienneté des faits. Au nom de la lutte contre le terrorisme et, plus largement, toute déstabilisation de l?État, la ligne de défense des prévenus évoque des argumentaires d?aujourd?hui, voire de demain, dans le monde de peur de l?après-2001. Le journaliste, c?est l?un des plaignants, partie civile emblématique dont la plainte a déclenché les poursuites après la révélation de l?espionnage dont sa vie professionnelle et privée avait fait l?objet. En ce sens, ce procès est aussi le sien. Au sens propre, pas seulement figuré. À la fois spectateur et acteur de ce théâtre judiciaire, il lui arrive de devenir l?accusé, mis en cause par les prévenus pour tous les troubles dont il fut l?auteur, sans compter sa carrière d?espion américain. Ces accusations entrent en résonance avec d?autres, lancinantes, contre le type de journalisme qu?il incarne et le journal dont il dirige la rédaction. En secret, le journaliste a lui-même mis en scène la rencontre de ces deux réquisitoires : il avait décidé de démissionner de ses responsabilités à l?occasion du procès des écoutes.