« Je hais ce qui est nocturne, je déteste me trouver en situation de ne pas voir où je pose le pied. La Havane palpite, promet, se dilate à mes pieds en glissant sur l’humidité éthérée. Cuba tout entière doit être encore plus loin que ce que je ne peux pas tâter, elle se prolonge et je sens la profonde immensité m’avaler comme la gueule du loup. »
Wendy Guerra a toujours été fascinée par Anaïs Nin. Entre elles, un monde. Et pourtant des similitudes troublantes : la place du père, un certain idéalisme, l’écriture, Cuba et surtout le journal. Comme Anaïs Nin, Wendy Guerra tient un journal depuis l’enfance dans lequel elle enferme sa vie quotidienne. C’est la forme littéraire qu’elle a par ailleurs utilisée dans son premier roman, Tout le monde s’en va.
Nous sommes en 1922. Anaïs Nin part à Cuba sur les traces d’un père absent et fantasmé, à la découverte de la famille paternelle. Dans son journal, peu d’allusions à cette période. De sa plume riche en images saisissantes, Wendy Guerra imagine ce qu’Anaïs a pu ressentir en arrivant sur l’île et superpose ainsi ses pensées apocryphes aux confessions réelles de la jeune Anaïs Nin, restituant ainsi la voix d’une âme à la recherche de son identité : « Je veux commencer à me constituer une Cuba personnelle. Irrévocablement mienne. »