Chaque année, le jour de l'Ascension, plusieurs dizaines de milliers de pieds noirs de confession chrétienne, mais aussi musulmane et juive, se retrouvent pour un pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Santa Cruz à Nîmes. Cette population hétérogène, venue de diverses régions de France, retrouve là, dans l'effervescence d'une manifestation éphémère, une sociabilité et une identité perdues.
Jeune ethnologue et fille de Français d'Algérie, Michèle Baussant a fréquenté et étudié ce curieux « lieu de mémoire », appelé par certains « Oranîmes » car il transpose sur le sol français l'ancien grand pèlerinage à la Vierge d'Oran. Partant de là, elle remonte le cours d'une mémoire occultée, enfermée dans la nostalgie, liée au passé honteux de l'entreprise coloniale et marquée par l'exil. En fait, un double exil : le premier a conduit d'Europe en Algérie une population très diverse de pauvres et de proscrits que l'administration coloniale et l'église contribuèrent à unifier, le second, en 1962, a ramené en Métropole, les descendants des premiers, perdants malmenés par l'histoire comme leurs aînés.
Sur un sujet toujours sensible, soumis aux passions politiques et peu étudié, Michèle Baussant a su tirer parti de la familiarité, voire de l'intimité avec ses interlocuteurs tout en gardant un « regard éloigné ». Sans complaisance ni jugements a priori, elle a su trouver cette bonne distance qui permet à la fois la compréhension et l'explication.
Jeune ethnologue et fille de Français d'Algérie, Michèle Baussant a fréquenté et étudié ce curieux « lieu de mémoire », appelé par certains « Oranîmes » car il transpose sur le sol français l'ancien grand pèlerinage à la Vierge d'Oran. Partant de là, elle remonte le cours d'une mémoire occultée, enfermée dans la nostalgie, liée au passé honteux de l'entreprise coloniale et marquée par l'exil. En fait, un double exil : le premier a conduit d'Europe en Algérie une population très diverse de pauvres et de proscrits que l'administration coloniale et l'église contribuèrent à unifier, le second, en 1962, a ramené en Métropole, les descendants des premiers, perdants malmenés par l'histoire comme leurs aînés.
Sur un sujet toujours sensible, soumis aux passions politiques et peu étudié, Michèle Baussant a su tirer parti de la familiarité, voire de l'intimité avec ses interlocuteurs tout en gardant un « regard éloigné ». Sans complaisance ni jugements a priori, elle a su trouver cette bonne distance qui permet à la fois la compréhension et l'explication.