Il avait promis de témoigner.
Libéré en 2014 après un an et demi de détention pour avoir manifesté, Mazen el Hamada a dû fuir la Syrie. Après avoir traversé la Méditerranée, le jeune réfugié a échoué en Hollande, pays dont les canaux lui rappelleront la fraîcheur de l’Euphrate de son enfance. Il deviendra un des rares Syriens à dénoncer publiquement les supplices subis dans les prisons de l’Etat.
Le récit de Mazen, tel qu’il le raconte à Garance Le Caisne en 2017 et 2018, dit la tragédie de la torture et le chaos d’une nouvelle vie pourtant tant attendue et rêvée. Répétant que le régime « a détruit [leur] mémoire », l’ancien technicien se souvient, pourtant. La ferme familiale, le pain cuit dans le four sur le toit de la maison, la cachette des livres interdits, les premières manifestations et, bien sûr, la vie engloutie dans les cellules surpeuplées où Mazen a été enfermé avec deux de ses neveux.
De rires en chuchotements, de larmes en explosions de colère, l’exilé se bat contre sa culpabilité. Car, au-delà des sévices physiques, c’est bien de la destruction des âmes dont témoigne Mazen. Ses paroles, recueillies sur plusieurs mois, s’avèrent toujours plus décousues et révèlent l’égarement dans lequel le plonge l’impossibilité de se faire entendre des dirigeants occidentaux qui auraient dû faire arrêter les criminels.
La solitude de Mazen fait écho aux témoignages des survivants des camps de concentration et ceux des rescapés du génocide tutsi. Amaigri, affaibli, comme si, avalé par sa propre souffrance, son corps allait disparaitre, Mazen se perd.
Le 22 février 2020, Mazen est retourné à Damas. Arrivé à l’aéroport de Damas, il s’est rendu compte de son erreur. « Priez pour moi » sont les derniers mots qu’on lui connaisse.
Libéré en 2014 après un an et demi de détention pour avoir manifesté, Mazen el Hamada a dû fuir la Syrie. Après avoir traversé la Méditerranée, le jeune réfugié a échoué en Hollande, pays dont les canaux lui rappelleront la fraîcheur de l’Euphrate de son enfance. Il deviendra un des rares Syriens à dénoncer publiquement les supplices subis dans les prisons de l’Etat.
Le récit de Mazen, tel qu’il le raconte à Garance Le Caisne en 2017 et 2018, dit la tragédie de la torture et le chaos d’une nouvelle vie pourtant tant attendue et rêvée. Répétant que le régime « a détruit [leur] mémoire », l’ancien technicien se souvient, pourtant. La ferme familiale, le pain cuit dans le four sur le toit de la maison, la cachette des livres interdits, les premières manifestations et, bien sûr, la vie engloutie dans les cellules surpeuplées où Mazen a été enfermé avec deux de ses neveux.
De rires en chuchotements, de larmes en explosions de colère, l’exilé se bat contre sa culpabilité. Car, au-delà des sévices physiques, c’est bien de la destruction des âmes dont témoigne Mazen. Ses paroles, recueillies sur plusieurs mois, s’avèrent toujours plus décousues et révèlent l’égarement dans lequel le plonge l’impossibilité de se faire entendre des dirigeants occidentaux qui auraient dû faire arrêter les criminels.
La solitude de Mazen fait écho aux témoignages des survivants des camps de concentration et ceux des rescapés du génocide tutsi. Amaigri, affaibli, comme si, avalé par sa propre souffrance, son corps allait disparaitre, Mazen se perd.
Le 22 février 2020, Mazen est retourné à Damas. Arrivé à l’aéroport de Damas, il s’est rendu compte de son erreur. « Priez pour moi » sont les derniers mots qu’on lui connaisse.