« Ma mère est morte. C’est dans l’ordre des choses. Sa lente agonie médicalement assistée suivie de sa crémation m’ont bouleversé et révolté. Nous sommes dénués d’imagination comme jamais devant la mort. Nos sociétés, uniquement préoccupées du mourir, n’ont plus le désir de se représenter à elles-mêmes la mort. Là où les poètes se montraient des explorateurs audacieux – les Anglais particulièrement, avec Shakespeare et Donne –, là où Giotto ou Van Eyck promettaient dans leur peinture la paix de l’au-delà, les artistes contemporains font étalage de mutisme. La philosophie elle-même légitime ce refus de l’imagination avec Heidegger qui transforme l’horizon de la mort en origine absolue. De là ce sentiment d’un nihilisme fondamental qui accable aujourd’hui la Terre. Voici que nous devenons nos propres terroristes. » Jacques Darras