"La main de Proust écrit sans cesse. Elle court sur le papier, les scènes et les portraits s'organisent, et, de temps en temps, une figure passe à travers les lignes, résiste, habite la feuille, se détache, vient faire tache comme un insecte qui refuserait de se laisser épingler et tuer. C'est un fantôme qui n'a pas encore été réduit, une apparition comme dans une séance de spiritisme, une grimace, une silhouette, un clin d'oeil. Qui visite les Enfers doit s'attendre à la levée des spectres. Quand Proust, étonné de sa propre audace, lève la tête de ses "paperoles", de son rouleau biblique en cours de rotation continue, il dessine parfois la marge ou en plein dans la rédaction. Dessin ? Non, griffonnage, gribouillage, esquisse de mots contradictoires à trouver, plutôt. Pendant qu'il s'interrompt ainsi un moment pour laisse glisser sur le mur de sa page, comme une projection de lanterne magique, un "personnage", il pense à autre chose, à la formule verbale qui va absorber cette émanation, la replonger dans le flux de son énorme roman. Il s'agit d'un appel, d'un graffiti, d'une caricature, comme s'il voulait à ce moment-là ancrer sa vision. Vision perçante et cruelle."
Philippe SOLLERS
Sur ses lettres, ses manuscrits ou ses carnets, Proust a beaucoup dessiné. Dans la marge, sur des pages blanches ou au milieu d'un texte, on découvre ses croquis, parfois esquissés d'un trait rapide, parfois plus travaillés. Réunis ici pour la première fois dans leur quasi-totalité, ces dessins offrent un éclairage subtil et inattendu sur l'ensemble de l'oeuvre.
Philippe SOLLERS
Sur ses lettres, ses manuscrits ou ses carnets, Proust a beaucoup dessiné. Dans la marge, sur des pages blanches ou au milieu d'un texte, on découvre ses croquis, parfois esquissés d'un trait rapide, parfois plus travaillés. Réunis ici pour la première fois dans leur quasi-totalité, ces dessins offrent un éclairage subtil et inattendu sur l'ensemble de l'oeuvre.