C'est le roman d'une femme, Eva Kristina Mindszenti, qui nous écrit d'un village de Hongrie, Hoferer, tout près de la frontière slovaque. Seule, ayant pour tout horizon le verger de ses parents, elle se résout à travailler à l'hôpital où demeurent les enfants handicapés, estropiés, mutilés par les suites de Tchernobyl.
Elle les aime très vite, ces enfants qui n'auront même pas le temps d'être malheureux, qui meurent à dix ans, ces enfants qui pleurent, parfois, parce qu'on ne leur rend plus visite. Elle les aime, car elle sait que ce sont eux qui vont la soigner, la soulager. Mais nous ne sommes jamais dans un « Freaks » hongrois, nous ne sommes jamais dans la pitié. Ce qui rend ce texte si bouleversant et singulier, c'est son calme rude ; la tranquillité à peine étonnée avec laquelle l'auteur entre en empathie avec tous ces petits malades, jusqu'à vouloir leur ressembler.
Jamais on n'avait exprimé avec autant de justesse l'ennui politique, l'oubli du plaisir, avec pour seule musique les génériques des dessins animés soviétiques qui continuent à passer à la télévision. Jamais on n'avait exprimé avec une telle dignité triste le sentiment d'infériorité et de déréliction des ex-républiques soviétiques, auxquelles on persiste à envoyer, comme à des Afriques oubliées derrière l'ancien rideau de fer, des médicaments périmés.
La romancière ne connaît qu'une douceur : la sensation d'avoir le « coeur capable » d'aimer, et d'écrire.
Elle les aime très vite, ces enfants qui n'auront même pas le temps d'être malheureux, qui meurent à dix ans, ces enfants qui pleurent, parfois, parce qu'on ne leur rend plus visite. Elle les aime, car elle sait que ce sont eux qui vont la soigner, la soulager. Mais nous ne sommes jamais dans un « Freaks » hongrois, nous ne sommes jamais dans la pitié. Ce qui rend ce texte si bouleversant et singulier, c'est son calme rude ; la tranquillité à peine étonnée avec laquelle l'auteur entre en empathie avec tous ces petits malades, jusqu'à vouloir leur ressembler.
Jamais on n'avait exprimé avec autant de justesse l'ennui politique, l'oubli du plaisir, avec pour seule musique les génériques des dessins animés soviétiques qui continuent à passer à la télévision. Jamais on n'avait exprimé avec une telle dignité triste le sentiment d'infériorité et de déréliction des ex-républiques soviétiques, auxquelles on persiste à envoyer, comme à des Afriques oubliées derrière l'ancien rideau de fer, des médicaments périmés.
La romancière ne connaît qu'une douceur : la sensation d'avoir le « coeur capable » d'aimer, et d'écrire.