"Si les choses tournent mal, très mal, quelle image mes filles garderont-elles de moi ? Quels reproches pourront-elles légitimement m'adresser, dans dix ans, dans vingt ans, quand elles seront devenues femmes ? Car cet aveuglement qui me paraissait impardonnable hier de la part d'une "gamine frivole", dont l'excuse serait d'avoir frôlé la mort trop jeune et recherché l'oubli dans un plaisir nerveux, ne devient-il pas une sorte de crime de la part d'une adulte heureuse et comblée, disposant de tous les moyens d'information, telle que je l'étais en 1929 et que je le suis restée jusqu'à mon arrivée ici ? Ne lisais-je pas les journaux ? Je me rappelle qu'hier, en tombant sur le passage où je me félicite de ne pas avoir écouté mon père, quand il me suggérait de le suivre en Amérique, j'ai été prise de frissons et que, désolée, je me suis longuement balancée, les bras croisés autour du buste, m'enlaçant moi-même pour me consoler comme j'étreins Michel lorsqu'il n'en peut plus de terreur et de tristesse."
Le mirador est le premier livre d'Elisabeth Gille. Il a paru, dans sa première édition, aux Presses de la Renaissance en 1992. Elle est également l'auteur du Crabe sur la banquette arrière (Mercure de France, 1994) et de Un paysage de cendres (Seuil, 1996), Grand Prix des lectrices de Elle.
Le mirador est le premier livre d'Elisabeth Gille. Il a paru, dans sa première édition, aux Presses de la Renaissance en 1992. Elle est également l'auteur du Crabe sur la banquette arrière (Mercure de France, 1994) et de Un paysage de cendres (Seuil, 1996), Grand Prix des lectrices de Elle.