Katherine Mansfield est née en Nouvelle-Zélande, en 1888. Elle est morte à Avon, près de Fontainebleau en 1923. Son oeuvre est relativement mince. Quatre recueils de nouvelles, son "journal", sa correspondance, quelques articles critiques.
C'est tout.
Mais c'est immense. Le génie de Katherine Mansfield est tel que son oeuvre pèse infiniment plus lourd que tant d'autres, numériquement plus importantes. C'est surtout en France qu'un véritable culte lui est voué aujourd'hui. Reine de la nouvelle, le seul genre littéraire qu'elle aimait, admiratrice passionnée de Tchekhov et de Maupassant, elle n'a écrit finalement que des chefs-d'oeuvre. La garden party aujourd'hui réédité en est le meilleur exemple.
Tous les textes qui composent ce recueil sont marqués au sceau de la perfection. Que s'y passe-t-il? Pas grand-chose en apparence. Ce sont des instants de vie, des moments fugitifs, un incident dans le quotidien, une ride sur une eau calme. Prenons la nouvelle intitulée Sur la baie : c'est une journée très banale d'une famille comme les autres. L'homme part le matin à son travail. Sa jeune femme, épuisée par une récente maternité, se repose. La grand-mère s'occupe du bébé. Les autres enfants jouent. Prélude à quoi ? A rien ? Mais toute la vie est là : l'angoisse du mari qui sent que sa femme lui échappe. La terreur de la jeune femme à la seule pensée qu'il pourrait y avoir un autre enfant. La nostalgie de la grand-mère qui sent que sa vie touche à sa fin.
C'est impalpable. C'est toute la vérité. C'est l'art sous sa forme la plus achevée.