Dans son journal, resté inédit en France jusqu’en 1996, Mihail Sebastian dresse un constat lucide et désespéré de l’engagement à l’extrême droite d’une majorité de l’intelligentsia de son pays pendant l’entre-deux-guerres. Couvrant les années 1935 à 1944, on y retrouve la quasi totalité des grandes figures de la scène intellectuelle roumaine, dont Cioran et Mircea Eliade, frayant gaiement avec la Garde de fer, sous la houlette de Nae Ionescu devenu à partir de 1934 le maître à penser officiel de ce mouvement fasciste.
Aussi découvre-t-on à travers ces pages les angoisses et les bonheurs de ce grand nom de la littérature roumaine. Le Journal fourmille de réflexions critiques au sujet de la littérature, de la musique et des arts, tout autant qu’il rend compte du déroulement de la guerre. « La guerre, la guerre, la guerre… On ne parle que de cela (…). La panique s’installe, tout échappe à un jugement rassis. (Qu’allons-nous devenir, nous autres, Juifs ? Quelle sera notre situation militaire en cas de mobilisation générale ?) Visite chez Pippidi cet après-midi, avec Eugène Ionesco. Il nous a lu des pages de Thucydide. On eût dit un pamphlet contre les Allemands. » Nombreux aussi sont les passages où le jeune homme qu’est alors Sebastian confie les déchirements et les inconforts de sa vie amoureuse. Ses doutes et la pudeur qu’il exprime le rendent particulièrement attachant pour le lecteur.
Peu sont ceux qui, en Europe occidentale, ont posé un regard aussi lucide sur cette période trouble de l’entre-deux-guerres dans les pays issus du défunt empire des Habsbourg ou de celui du tsar de toutes les Russies. Grand témoin de l’antisémitisme terrifiant de violence et vertigineux de bêtise qui imprégnait alors toute la Roumanie, et en premier lieu ses élites, Mihail Sebastian en fera lui-même les frais puisqu’il sera emprisonné dans les camps. Il a gardé pourtant un ton d’une sobriété percutante pour décrire les absurdités et en rapporter les méfaits.
D’autre part, si le Journal de Mihail Sebastian éclaire une partie quelque peu occultée de l’histoire de son pays, il renvoie également à certains épisodes peu glorieux de l’histoire de France, à savoir avant, pendant, et aussitôt après l’Occupation. D’où son indéniable intérêt.
Aussi découvre-t-on à travers ces pages les angoisses et les bonheurs de ce grand nom de la littérature roumaine. Le Journal fourmille de réflexions critiques au sujet de la littérature, de la musique et des arts, tout autant qu’il rend compte du déroulement de la guerre. « La guerre, la guerre, la guerre… On ne parle que de cela (…). La panique s’installe, tout échappe à un jugement rassis. (Qu’allons-nous devenir, nous autres, Juifs ? Quelle sera notre situation militaire en cas de mobilisation générale ?) Visite chez Pippidi cet après-midi, avec Eugène Ionesco. Il nous a lu des pages de Thucydide. On eût dit un pamphlet contre les Allemands. » Nombreux aussi sont les passages où le jeune homme qu’est alors Sebastian confie les déchirements et les inconforts de sa vie amoureuse. Ses doutes et la pudeur qu’il exprime le rendent particulièrement attachant pour le lecteur.
Peu sont ceux qui, en Europe occidentale, ont posé un regard aussi lucide sur cette période trouble de l’entre-deux-guerres dans les pays issus du défunt empire des Habsbourg ou de celui du tsar de toutes les Russies. Grand témoin de l’antisémitisme terrifiant de violence et vertigineux de bêtise qui imprégnait alors toute la Roumanie, et en premier lieu ses élites, Mihail Sebastian en fera lui-même les frais puisqu’il sera emprisonné dans les camps. Il a gardé pourtant un ton d’une sobriété percutante pour décrire les absurdités et en rapporter les méfaits.
D’autre part, si le Journal de Mihail Sebastian éclaire une partie quelque peu occultée de l’histoire de son pays, il renvoie également à certains épisodes peu glorieux de l’histoire de France, à savoir avant, pendant, et aussitôt après l’Occupation. D’où son indéniable intérêt.