« Comment peut-on encore prendre au sérieux une vieille romance hollywoodienne ? Le réalisme domine aujourd’hui les discours publics sur l’amour, repoussant le genre de la romance dans des ghettos où se consomment rapidement des chewing-gums du cœur – les gondoles de supermarchés réservées aux livres Harlequin, la télévision hertzienne de l’après-midi. Le discrédit du grand amour dans les sociétés les plus riches de la planète semble total. » Et pourtant, ces films, devenus des objets kitsch dont les improbables happy-ends, les couchers de soleil romantiques et les violons languissants font sourire les spectateurs du troisième millénaire, conservent un pouvoir de fascination. Peut-être parce que la vision qu’ils donnent du sentiment amoureux est moins simple et naïve qu’il n’y paraît. En choisissant une douzaine de romances de l’Age d’Or hollywoodien, certaines très connues et d’autres moins, Laurent Jullier suit le déroulement de l’intrigue, de la rencontre au premier regard, des rites de séduction aux obstacles intimes et sociaux,, des aléas de la possession aux rigueurs de la déception. Il y décèle une « philosophie pratique » de l’amour subtile, sombre et parfois désespérée, qui est d’ordinaire associée au cinéma de la modernité. Produits par une usine à rêves, ces films, qui disent la difficulté d’aimer, finalement ne « racontent pas d’histoires ».