L’une a six ans et déteste sa mère qui est méchante. Elle a envie de la tuer. L’une est grondée parce qu’elle avale trop de chocolat, « Tu vas devenir grosse ma fille ». Elle arrête donc de manger. L’une regarde toutes les femmes, sur la plage, dans les magazines : elles sont fines et jolies, ne sont pas gênées par leur corps. Comment font-elles ? L’une et l’autre sont jumelles, on les met dans le même sac depuis leur naissance. Comment échapper à son destin ? Elles auront une fille du même âge. L’une ne voulait pourtant que cela, une fille. Quand elle la voit, un si joli trousseau, pour une si vilaine petite fille, elle a envie de pleurer. À l’hôpital elle n’arrive pas à l’aimer tout de suite. L’une pourrait déserter, fuir. Abandonner son mari et son bébé. Tous les après-midi, elle rêve. Son enfant pleure, elle hurle, elle ne l’entend pas. C’est leur secret. Heureuse, ou presque se compose de courtes nouvelles. Certaines décrivent de brèves scènes de la vie quotidienne, d’autres se déroulent sur plusieurs jours ou plusieurs mois. Chacune met en scène une femme, une mère, une fille ou une sœur, confrontées à des moments plus ou moins fragiles et sensibles de l’existence (la gémellité, le mariage, l’annonce de la maternité ou l’accouchement). À travers des portraits, drôles ou émouvants, des tranches de vie joliment croquées, Isabelle Lortholary explore finement la question de la féminité. Comment devient-on femme ? Quelle femme est-on ?