C’est l’histoire d’une poignée de secondes, qui va durer toute une vie. Exactement dix-neuf secondes et quatre-vingt-trois centièmes. C’est le mercredi 16 octobre 1968, à Mexico. Tommie Smith est champion olympique du 200 mètres. Tom y pense depuis l’enfance : quand il monte sur la plus haute marche du podium, il lève son poing droit ganté de cuir noir. Il le fera avec son compagnon de l’équipe américaine, John Carlos. Là, dans cette nuit un peu moite du 16 octobre 1968, ce geste va fracasser le monde. La révolte silencieuse, après la performance éblouissante. Un geste pour en finir avec la ségrégation, les lynchages des Noirs, l’humiliation, les bus et les logements réservés aux seuls Blancs.
Pierre-Louis Basse avait dix ans. Il a revu Tom. Maintenant, il se souvient de la course, merveilleuse. Il se souvient de la retransmission à la télévision, avec son père, professeur de gymnastique à Nanterre. La mort de Martin Luther King. La voix de Joan Baez et Bob Dylan. La guerre du Vietnam. Les filles en jupe plissée. La cigarette de Pompidou. De cette course, l’enfant conservera toujours le goût de raconter le sport. Ce livre est l’histoire d’une poignée de secondes qui se prolonge éternellement.